Qu’est-ce que la Zététique ?

En résumé pour les lecteurs pressés : le mot Zététique vient du grec zêtêin qui signifie chercher et la Zététique est la « méthode dont on se sert pour pénétrer la raison et la nature des choses ». Enseignée dès l’Antiquité, la Zététique est en fait le refus de toute affirmation dogmatique et le flambeau est ici repris pour sa plus grande partie en tant qu’approche scientifique rigoureuse des phénomènes dits paranormaux ou hors-normes mais la Zététique ne se restreint évidemment pas au seul domaine de l’Extra-Ordinaire ; elle se veut également un pilier fondamental du développement général de l’esprit critique au service de tous les citoyens car la Zététique et ses Règles d’Or sont la base même de tout traité d’autodéfense intellectuelle.
Et, sans même remonter aux philosophes/physiciens de l’Antiquité, je me permets de rappeler que Kant expliquait déjà très clairement au XVIIIème siècle que « la méthode propre de l’enseignement philosophique est la zététique ». D’où mon utilisation naturelle de ce vocable qui correspond bien à un processus dynamique de recherche d’informations.


Qu’est-ce que la Zététique ? La question m’est souvent posée et la réponse tient en quelques lignes.
Le mot Zététique vient du grec zêtêin = chercher. Selon Emile Littré la Zététique est la « méthode dont on se sert pour pénétrer la raison des choses » (1872) et selon Pierre Larousse (1876) : « Zététique : se dit des méthodes de recherches scientifiques: méthode zététique ». Le terme est également présent (« qui cherche les raisons des choses ») dans le Dictionnaire des Arts et des Sciences de T. Corneille datant de 1694.

Enseignée dès l’Antiquité, la Zététique est en fait le refus de toute affirmation dogmatique et le flambeau est ici repris en tant qu’approche scientifique rigoureuse des phénomènes dits paranormaux ou hors-normes.

La belle définition de Pierre Larousse dans son Grand Dictionnaire Universel du XIXème siècle  me semble devoir être rappelée par quelques extraits :

« Le nom de zététiques, qui signifie chercheurs, indique une nuance assez originale du scepticisme : c’est le scepticisme provisoire, c’est presque l’idée de Descartes considérant le doute comme un moyen, non comme une fin, comme un procédé préliminaire, non comme un résultat définitif ».

Autrement dit, et je résumerai cela sous l’expression l’Art du Doute, la zététique considère le doute comme un procédé, une pratique, un Art d’après la propre définition du mot art qui est « l’ensemble des moyens, des procédés, des règles intéressant une activité, une profession », acception… presque malheureusement oubliée de nos jours !

« Si tous les sceptiques avaient été réellement zététiques et seulement zététiques, ils auraient dit avec Pyrrhon : « nous arrivons non au doute, mais à la suspension du jugement » (…) sceptiques signifie littéralement examinateurs, gens qui pèsent, réfléchissent, étudient attentivement ; mais il a pris à la longue un sens plus négatif que dubitatif, et a signifié ceux qui sous prétexte d’examiner toujours ne décident jamais. (…) le mot zététiques n’est pas fait pour trancher le débat entre les deux acceptions de tous ces termes (…) Le nom de zététiques est resté, d’ailleurs, dans l’enceinte de l’école qui l’a créé ; et, malgré sa très large extension, qui eût permis d’en faire le terme général désignant tous les chercheurs de la vérité dans tous les domaines, il est exclusivement appliqué aux sceptiques, et on peut même dire aux sceptiques grecs ou pyrrhoniens. »

Fasse Prométhée (et les nouvelles générations), qu’à plus d’un siècle d’intervalle, soit réalisé le souhait de Pierre Larousse ; souhait informulé mais si transparent quand il regrettait dans sa dernière phrase ci-dessus que le terme zététiques soit restreint, non par le sens mais par l’usage, aux sceptiques seuls alors qu’il pourrait légitimement être le « terme général désignant tous les chercheurs de la vérité dans tous les domaines ».

Encore un peu d’efforts et, avec cette acception largement diffusée, nous rendrons ainsi hommage à ce précurseur.

Pr. Henri BROCH

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